De la discorde autour de l’église de Saint-Edmond

De la discorde autour de l’église de Saint-Edmond

Que faire? Que faire Seigneur avec l’église de Saint-Edmond?

Est-ce que ce serait une bonne idée que la municipalité de 713 habitants achète l’église, lieu de culte patrimonial bientôt centenaire, pour la modique somme de 1 $, pour la transformer en centre communautaire? Le coût des transformations serait de l’ordre de 250 000 $ pour des rénovations minimales.

Plusieurs opposants edmondois, dont leur nombre serait près de 200 selon leur propre décompte, estiment que ce n’est pas une bonne affaire, que l’entretien pour un tel bâtiment va finir par faire grimper la facture, que le centre de loisirs situé tout près peut servir de salle communautaire et que finalement les Edmondois n’en ont pas besoin.

La discorde a monté d’un cran lundi soir dernier lorsque le conseil municipal a adopté une résolution mandatant la directrice générale Julie Galarneau à entamer des procédures d’entente en prévision de l’acquisition de l’église, laissant comprendre, aux yeux de l’opposition, que la transaction se réalisera entre la municipalité et la Fabrique de la paroisse de Notre-Dame-de-Lourdes (formée de la fusion des paroisses de Saint-Germain, Saint-Eugène et Saint-Edmond).

La mairesse de Saint-Edmond, Marie-Andrée Auger, qui est actuellement à Québec pour le congrès de la FQM (Fédération québécoise des municipalités), précise ceci : «Nous n’avons rien décidé encore concernant l’église, ni au sujet d’une éventuelle consultation publique. Nous attendons des informations de la part du clergé pour connaître les conditions reliées à la vente, de façon à ce que la population ait les informations complètes. Il est faux de dire, comme le prétend Michel Côté (président de la Fabrique de la paroisse de Notre-Dame-de-Lourdes), que la décision est prise d’acheter l’église», a-t-elle fait savoir à L’Express.

M. Côté est d’accord pour dire que le document officiel, confirmant l’achat de l’église par la municipalité, reste à venir, mais il existe des documents officieux précisant que les deux parties ont une entente de principe sur le prix de vente qui est de 1 $.

«Au fil des ans, il y a eu des rencontres entre les élus de Saint-Edmond et les représentants de la Fabrique. Il a fallu que j’obtienne une entente de principe pour demander à l’évêque (Mgr André Gazaille) d’enclencher le processus d’autorisation. Pour ce faire, il doit auparavant avoir l’avis de deux comités : le Collège des consulteurs et le Conseil pour les affaires économiques. Dans le premier cas, la réunion a eu lieu le premier juin et a donné son aval. En ce qui concerne le Conseil des affaires économiques, l’assemblée se tiendra le 22 juin et, elle aussi, devrait donner son accord. C’est à la suite de ces deux avis favorables que l’évêché me donnera son feu vert pour signer le document de vente et la municipalité sera avisée que je peux procéder officiellement».

La situation actuelle est que la municipalité loue l’église à des fins communautaires pour un montant équivalent au coût du chauffage et de l’électricité.

Selon Raynald Girard, un ex-conseiller (2009-2013), qui s’oppose activement à la transaction projetée, l’église réservera de mauvaises surprises dans les prochaines années. «C’est à peine si elle est sécuritaire. De la brique est en train de se désagréger, il y a de la moisissure dans la cave, les fenêtres seront à changer, bref elle n’est pas en bon état. Ce n’est pas réaliste de l’acheter. Après tout, nous ne sommes que 350 contribuables à Saint-Edmond», a-t-il argué.

D’autres opposants ont fait valoir à L’Express, soit par téléphone, soit par courrier, qu’il n’est pas facile d’avoir des réponses claires de la part des élus. «On veut nous présenter ce lieu comme étant l’âme de la paroisse, je trouve cet esprit religieux un peu dépassé», a souligné Huguette Alie-Désilets, dans une lettre. «On a l’impression que des élus tiennent à se porter acquéreurs de l’église par passion religieuse, leur réflexion n’est aucunement liée à la logique», a indiqué un autre commentaire. Un conseiller aurait même affirmé que «l’achat va se faire et il n’y aura pas de référendum».

Pourtant, la mairesse n’a pas écarté une éventuelle consultation publique, ce qui, dans les circonstances, pourrait bien s’avérer la solution la plus démocratique. Environ 500 citoyens seraient alors éligibles à voter.

Les visites de la RBQ

Au milieu de tous ces arguments de pour et de contre, deux plaintes ont été déposées à la Régie du Bâtiment du Québec.

La première fois, c’était à propos du système d’alarme d’incendie. Michel Côté a raconté : «Selon l’assureur, il était conforme, mais un inspecteur de la RBQ, qui est venu visiter, est arrivé à la conclusion que ce n’était pas suffisant. Cela a coûté 10 000 $ en tout. Les exigences pour une église ou pour une salle communautaire ne sont sans doute pas les mêmes».

La deuxième plainte a été logée en fin de semaine et elle a trait à la brique et au plancher. «Un inspecteur m’a appelé à ce sujet. J’espère que cela n’occasionnera pas d’autres dépenses», a soupiré M. Côté.

Pour la petite histoire

Michel Côté rappelle que c’est en 2007 qu’ont débuté les premières démarches. «La Fabrique (de Saint-Edmond à l’époque) avait sondé la municipalité au sujet de la vente de l’église. En 2009, il y a eu une rencontre formelle avec les élus pour discuter des conditions de vente. Deux comités avaient été formés, un pour le plan A, qui consistait à faire des modifications à l’intérieur pour aménager une salle communautaire (50 000 $), et un autre pour le plan B, qui envisageait l’achat de l’église pour la transformer en centre communautaire. Le coût était alors estimé à 1,2 million $. Le projet a évolué pour l’établir aujourd’hui à quelque 250 000 $. Mais n’oublions pas que la valeur du bâtiment et du terrain est d’environ 300 000 $», s’est-il dit d’avis.

Partager cet article